Injection de dépendance avec Doctrine - Première partie
Dans cette série sont présentés des outils pour enrichir le modèle métier d’une application construite avec Symfony et l’ORM Doctrine. Il n’est pas question d’analyse d’affaire ou d’UML. Nous découvrons les forces de nos frameworks plutôt que de n’en voir que les limites.
D’un projet à l’autre, avoir un modèle métier riche peut avoir un sens variant. Définissons-le comme l’opposé d’un modèle métier anémique tel que présenté par Martin Fowler. D’ailleur, je recommande chaudement cet article. Il y est d’ailleur écrit :
There are objects, many named after the nouns in the domain space, and these objects are connected with the rich relationships and structure that true domain models have. The catch comes when you look at the behavior, and you realize that there is hardly any behavior on these objects, making them little more than bags of getters and setters.
Ils y a des objets, dont plusieurs sont nommés en fonction des termes du métier, et ces objets sont reliés dans une riche structure de relations que les vrais modèles métiers ont. L’attrape se découvre quand on regarde le comportement et qu’on réalise qu’il n’y a pas vraiment de comportements implémentés dans ces objets, les réduisant à rien de plus qu’un tas d’accesseurs et de mutateurs.
Des classes de composées presque exclusivement de getters et setters, nous en avons tous vues. Nous en avons tous écrites ou générées avec des outils du framework. Un modèle métier riche reste simplement un outil, pas nécessairement le meilleur en toutes circonstances. Pour cet article, supposons que nous avons besoin d’un tel outil que ce soit pour utiliser directement dans le code de production ou simplement pour en apprendre assez afin se sentir apte à s’en servir au besoin.
D’accord, je vais de coder un modèle métier riche. À quoi ça ressemble ?
Votre modèle-métier dépendra du … métier ! Nous utiliserons un exemple simpliste : « Une entreprise embauche un nouvel employé en tant que consultant ». Une entreprise étant stockée en base de donnée, elle est implémentée par une entité doctrine. Éventuellement, nous devrons faire appel au service des resources humaines. Comment pouvons nous avoir accès au conteneur de services au sein même d’une entité doctrine ?
Il n’y a pas de solution facile ni beaucoup de documentation sur le sujet. C’est en fait impossible sans remplacer certains éléments du DoctrineBundle. La bonne nouvelle est que même si la documentation est évasive sur le sujet, Symfony et Doctrine fournissent des outils suffisants.
Il y a des exemples de codes plus charnus sur Github. Ne supposez pas que le code fonctionnera directement. Ce ne sont que des exemples et des brouillons.
CRUD ou ne pas CRUD
Je ne suis pas de ceux qui croient qu’une application un minimum complexe peut se résumer aux quatre opérations élémentaires pour la persistance des données. Une telle application est souvent issue d’une approche données d’abord et se réduit à une base de donnée décorée de formulaires. Plusieurs choses poussent à orienter le développement d’une nouvelle application avec cette approche:
- La documentation des frameworks présente principalement des exemples CRUD-esques
- L’équipe est à l’aise avec des architecture CRUD
- Quoi d’autre que créer, lire, mettre à jour et supprimer l’application a-t-elle besoin de faire ?
- Qu’y-a-t-il de mal avec CRUD, au fait ?
- Ce n’est pas une nouvelle application et le code existant est déjà CRUD-esque
- Une architecture CRUD est conceptuellement proche des scripts transactionnels, une chose avec laquelle les développeurs ayant une bonne expérience en base de données sont à l’aise.
- etc.
Écrire du code autour de ces seules quatre opération n’est pas mal en soi. De plus, on arrive à développer de tels programmes très rapidement, surtout si on utilise de fortes conventions laissant notre framework exécuter toutes sortes de tours de magie nous facilitant la tâche. L’application comporte finalement surtout des définition de métadonnées sur les classes et les relations. Presque toute la logique d’affaire est sérialisée en configuration, laquelle devient lourde et laisse peu de place à la réutilisation de code et aux patrons de conceptions. Une telle approche mène à du logiciel entêté (opinionated software), ce qui est peut-être ce qui vous sied.
Supposons donc que nous ne voulons pas nous restreindre à une base de données ornée de CSS et de formulaires. Tentons de trouver des solutions facilement intégrables dans du code existant.
Domaines métiers riches
Vous voudriez pouvoir faire en sorte qu’une $compagnie->embauche($unePersonne)->enTantQueContractuel()
?
Si cette $compagnie
doit être extraite d’un système de persistance de données, nous aurons bien
des misères à y injecter des dépendances et implémenter l’inversion de contrôle que nous désirons.
Prenons l’entité Doctrine $compagnie
en exemple.
Nous avons alors une structure de données quelconque munie de toute les méthodes usuelle qui facilitent l’utilisation des formulaire de Symfony et autres composantes. Ce n’est pas vraiment une class orientée objet puisque nous auront besoin d’objets qui agissent pour prendre en charge cette classe qui connait. Le principe de base de la programmation orientée objet étant que un objet est le seul responsable de son état (ces données), ceci est tout simplement du code qui pue (tentative de traduction libre de code smell. Un programmeur C appellerait une telle classe une struct d’hypocrite. Faisons table rase et recommençons du début.
Nous avons toujours une classe qui connait (CompanieSauvegarde
) et une classe qui fait. Cette
dernière nous impose par contre aucune limite. Nous pouvons considérer qu’elles ne font qu’une.
Ne me dites pas que c’est vilain d’exposer publiquement les propriétés de la classe
CompanieSauvegarde
. Ces propriétés publiques sont fonctionnellement équivalentes à une série de
simples accesseurs et mutateurs. Si cela ne vous plais pas, ajoutez ces méthodes inutiles.
Considérons la class CompagnieSauvegarde
comme ce que d’autres langages nomment des classes
privées, internes ou amies. En C++, on dit que les classes
amies peuvent améliorer l’encapsulation dans le cas ou deux partie d’un même classe n’ont pas
nécessairement le même nombre d’instance ou la même durée de vie, or c’est exactement ce que nous
voulons accomplir.
Concentrons-nous sur la classe Compagnie
. C’est notre objet métier. La propriété $sauvegarde
pourrait être n’importe quel conteneur (un simple tableau, par exemple). La classe Compagnie
est
totalement indépendante de la couche d’accès aux données persistantes. Sa sauvegarde peut provenir
de n’importe où, que ce soit d’une base de donnée, de la configuration ou d’un service distant.
Pour notre exemple, $sauvegarde
sera une instance de CompagnieSauvegarde
. CompagnieSauvegarde
est un conteneur de donnée qui sera pris en charge par Doctrine. Nous allons aborder plus tard
comment nous pourrions avoir plusieurs propriétés comme $sauvegarde
ou aucune.
Nous ne voulons pas avoir à systématiquement injecter manuellement la sauvegarde dans l’objet métier au sein même du code d’un contrôleur. Nous voulons qu’il soit automatiquement initialisé, incluant les dépendances associées (telles qu’un service des ressources humaines, par exemple). De plus, nous ne voulons pas changer la manière de récupérer les objets métiers. Pour rester cohérent avec le reste du code de l’application, nous allons utiliser les dépôts de Doctrine (entity repositories).
La documentation Symfony nous a habitué à utiliser la méthode findBy
et ses semblables pour
récupérer nos objets métiers, les donner à modifier pas des classes Form
et ensuite de les
sauvegarder avec un gestionnaire d’entités (entity manager). Ceci est notre premier défi :
utiliser notre nouvel objet métier Compagnie
avec toutes les fonctionnalités usuelles de Symfony.
Nous avons identifié un but et un premier problème. Prochainement, nous nous attaquerons aux dépôts de Doctrine (entity repositories).